dimanche, juin 26, 2005

GUADIANA, LA RIVIERE SAUVAGE




au vu de la description enthousiaste des copains navigateurs qui y étaient passés, "BAHIA" a pointé ses étraves sur le Rio Guadiana, au Sud du Portugal. Il n'a pas été déçu.


Après une descente le long des côtes espagnoles, et le passage du Détroit de Gibraltar, nous avons donc retrouvé les eaux de l'Atlantique, que nous avions quitté trois ans auparavant. Il faut donc se réhabituer aux marées et aux courants, la "grande bleue" et sa dolce vita ayant tendance à endormir quelque peu le marin, par la facilité qu'elle procure, en dehors de ses colères parfois subites.
Nous avons devant nous la Baie de Cadix, avec comme but final l'Algarve, ses remontées de rivières, dont le Rio Guadiana à la frontière hispano-portuguaise. La lecture des guides (parfois anciens), mais surtout l'incitation de plusieurs copains de rencontre en avait fait la destination principale de la croisière.
La première étape sera pour la rivière de Sacti Petri, au Sud de Cadix. Qui dit marées dit courants, bancs de sable, et alignements (pas très visibles). Ce sera ensuite un mouillage (les marinas sont exclues) à l'entrée de la rivière de Huelva, grande cité industrielle, qui ne nous attire pas vraiment.
Cap sur El rompido, une rivière séparée de l'Atlantique par un étroit cordon dunaire qui s'étend sur près de cinq milles. Des bancs de sable, une bouée d'atterrissage déplacée et de forts courants nous donneront quelques chaleurs pour entrer.! Par contre le mouillage devant le petit village aux deux phares est sympathique, et nous passerons plusieurs jours à l'ancre en amont dans la rivière. Solitude et tranquilité garanties. Il y suffit de traverser à pied le cordon dunaire - large de quelques centaines de mètres - pour aller de l'autre côté prendre des bains de mer !
Il est temps d'aller voir ce fameux Guadiana, dont on nous a dit tant de bien. Le vent est assez frais depuis plusieurs jours, force 5 à 6, se renforçant l'après midi. L'entrée du Guadiana, encombrée de bancs, est bien balisée latéralement, et n'offre pas de problèmes majeurs. Il est recommandé de rentrer avec le flot, qui va nous pousser jusqu'à Vila Real de San Antonio, sur la rive portuguaise.
La ville se démarque nettement des cités espagnoles : coquetterie et ornements des maisons, propreté des rues. En changeant de pays le contraste est fort. Presque en face de Vila Real se trouve la ville espagnole d'Ayamonte, où nous ferons escale au retour. Depuis quelques années, un pont suspendu relie les deux rives et les deux pays, juste après Ayamonte. La hauteur disponible étant de 22 m à haute mer, le mât de "Bahia" passera sans problèmes avec ses 14m50. Comme la veille, le vent mollit beaucoup à l'étale de basse mer. C'est le moment que nous choisissons pour remonter le fleuve, afin que le flot nous rentre. Les berges une fois passé le pont sont assez plates.
Nous voyons beaucoup de fincas en ruine, sur chaque berge. Au fur et à mesure de la remontée, les rives s'escarpent, la végétation devient plus dense. Et 3 h après le départ, nous accostons à Guerreiros. Un appontement est relié par une passerrelle à la berge. Le bourg de quelques feux semble endormi, écrasé de chaleur. Il faut dire que la température approche les 35 ° ! Nulle taxe à payer, le ponton est libre et gratuit tant qu'il y a de la place. Seules quelques petites barques de pêche y sont amarrées.
Le lendemain, de sympathiques belges s'amarrent derrière nous. Ils font l'aller/retour Belgique-Guadiana chaque année ! Heureusement un vent assez fort vient tempérer la chaleur, et la bière locale aussi... Tant bien que mal nous parvenons à nous faire comprendre avec un pêcheur au bar local, qui nous dit que plus haut sur le fleuve, il fait encore plus chaud. C'est là que nous allons...
Le troisième jour le départ est décidé. Toujours du vent de face, entre 20 et 25 nds. Après de multiples tentatives de réparation du HB de l'annexe, un mécano du coin réussit à le faire cracher, pour 5 euros et un verre de malaga ! Malheureusement celui-ci rendra l'âme peu de temps après. (le moteur, pas le mécano !)
Départ vers 16 h, avec le début du flot. Les rives du fleuve sont sauvages. Nous passons le petit bourg d'Alcoutim, auquel fait pendant un village sur la rive espagnole. De nombreux bateaux sont mouillés là, ancres ou corps-mort. C'est pour beaucoup la destination finale de ceux qui remontent le fleuve.
Nous continuons à sinuer dans les méandres, de plus en plus escarpés et boisés. Seuls hérons et cigognes sont un peu dérangés par notre passage. Enfin dans un dernier coude se découvre Pomarao, terminus de notre remontée. Un petit bourg écrasé de chaleur et de blancheur, au pied duquel se trouvent deux appontements. Il fait 38° à l'ombre, "seulement" 30° dans le bateau !
Nous descendons à terre et montons au village, nous rafraîchir au seul café du coin. C'est la "sociedad", bar municipal où nous dégustons la "sagres" locale pour... 40 cts d'euros.!, sur la terrasse donminant le fleuve. Nous y faisons vite la connaissance de Gwillem et sa femme, un couple d'anglais qui ont choisi Pomarao comme lieu de vie à bord de leur voilier, Richard, anglais lui aussi, le peintre solitaire qui vit sur un vieux Colin Archer en ferro, en attendant d'emménager dans la ruine qu'il retape sur une des rives. Des voisins de table, sans nous dire un mot, nous tendent pain à l'ail et chorizo. L'hospitalité portuguaise...
Le soir la brise souffle toujours, heureusement, mais la chaleur est encore très forte. Selon les locaux, cette température est normale pour la saison, mais pas le vent. Qu'est-ce que ce serait !! Le lendemain, nous faisons connaissance avec un couple de jeunes français, mouillés dans la rivière avec leur Ombrine de 8 m. Ils vivent ici à l'année, et tentent de survivre en faisant de la maçonnerie dans des fincas à retaper.
Le village n'est ravitaillé que deux fois par mois, par une camionnette. Gwillem nous propose de nous emmener dans sa vieille R 5 faire les provisions à Mertola, à 25 km. En théorie, le Guadiana peut se remonter jusqu'à Mertola. Mais des bancs de sable à fleur d'eau et des roches dissuadent de tenter l'expédition, sauf avec un pratique du coin.
Record battu : 41° à l'ombre, et le vent s'est calmé.! Nous achetons de la bâche à pas cher, pour tenter de faire un taud recouvrant tout le bateau en laissant passer le peu d'air qu'il y a. 35° dans le bateau le soir ; nous préférons dormir dans le cokpit. Mais le matin la température "tombe" à 20°, ce qui nous réveille.
Dernier jour à Pomarao, d'où je fais quelques prises vidéos. La brise a repris de la vigueur. Adieu copains anglais et portuguais de ce coin du bout d'Europe "le dernier vrai coin sauvage" d'après Gwillem. Nous redescendrons le fleuve avec une halte à Laranjeiras, le long d'un petit ponton, pour nous retrouver le lendemain à Ayamonte.
Pendant notre séjour, qui a duré en fait une semaine à Pomarao, nous avons vu très peu de bateaux de passage : même pas une demi-douzaine. Pas grand'monde se donne la peine de remonter si haut, et ceux qui arrivaient faisaient demi-tour. Pour les amoureux de pittoresque, de calme et de tranquillité, dont je fais partie, le dépaysement est assuré dans ce pays encore vierge de tourisme. Seule la chaleur a gâché un peu le séjour, mais il est vrai que c'était la canicule en France, alors...
Nous continuerons ensuite notre périple vers la lagune de Faro-Olhao, à l'Ile Culatra, une terre étrange dont je vous parlerai une prochaine fois.
Guy

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

salut !! tu nous écrit bientot un nouvel article, ont est toujours obliger de lire les mémes !

méme s ils sont supers bien écrits!

A bientot de te lire !!mdr

3:40 PM  

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