dimanche, juin 26, 2005

LA LAGUNE DE FARO-OLHAO









LA LAGUNE D'OLHAO


Algarve – Sud Portugal



Toute la pointe Sud de l'Algarve est mélange de terre et d'eau, vaste lagune où la mer ne pénètre que par d'étroites passes. C'est le but ultime de "BAHIA"…

De la sortie du Rio Guadiana au Cap Santa Maria, entrée principale de la lagune, il n'y a qu'une trentaine de milles à parcourir. Nous profitons du jusant pour dire adieu au fleuve. Poussés par un vent de Nord, les rives défilent vite.

A la sortie, la mer est belle, et nous nous permettons un petit raccourci parmi les bancs de sable, le sondeur nous indiquant entre 2 m et 1 m 50. Mais au bout de deux heures, le vent tombe, et les moteurs sont mis en route.

Nous nous tenons à bonne distance de la côte, car des pêcheries s'étendent vers le large. Par un effet de mirage, nous voyons les dunes hautes comme des falaises, alors que leur hauteur ne dépasse pas quelques mètres.

A part Tavira, plusieurs passes non balisées font communiquer l'Océan avec la lagune, formant ainsi de petits îlots de sable. Mais il nous faut aller chercher l'entrée principale, au phare de Santa Maria.

Il est important de rentrer avec le courant, car même en mortes-eaux, celui-ci est fort dans la passe. Cette masse d'eau enfermée dans les terres entre et s'évacue par un étroit goulet. Les habitués du Golfe du Morbihan ne seraient pas dépaysés !

Il est non moins recommandé de pénétrer dans la lagune par beau temps, le vent contre courant pouvant créer des conditions difficiles. Nous nous en apercevrons lors de notre départ.

Passé le phare que nous laissons sur tribord, nous piquons sur le balisage d'entrée, et nous ressentons alors toute la force du flot, qui nous propulse à l'intérieur. Les rives défilent très vite, les bouées sont couchées dans des tourbillons d'eau brassée.

En fait, seul le goulet est soumis à cette pression, car très vite, une fois à l'intérieur, tout se calme et se ralentit. De nombreuses barques de pêche sont mouillées en bordure des plages.

Au loin, sur notre gauche, nous distinguons Faro. Un peu sur notre droite Olhao. La lagune se divise en deux chenaux principaux balisés, menant vers ces deux villes. Mais pour le moment, la mer étant presque pleine, ce n'est qu'un immense lac, piqueté de nombreuses perches qui signalent les bancs.

Il s'agit de bien suivre le balisage, car hors celui-ci les risques d'échouage sont grands, même à marée haute, si l'on est pas pratique des lieux.

Nous longeons à notre droite l'île Culatra, l'endroit que nous avons choisi pour mouiller. Il nous a été indiqué par plusieurs copains l'"anse des multicoques"… Pour le moment nous ne voyons que de nombreux voiliers, sur ancre ou corps-morts, en face de l'appontement de la pointe Caïs.

Le village de pêcheurs, Hangares de Culatra, s'étend sur la dune, petites maisons basses, dont beaucoup arrivent jusqu'à la plage.

Puis nous distinguons des mâts derrière une pointe, qu"il nous faut contourner. Le sondeur indique des profondeurs fortement décroissantes : de 10 m il passe rapidement à 2 m, puis 1 m ! Nous nous dirigeons à la couleur de l'eau : bleu-vert, ça doit passer, jaune-ocre : hauts fonds…

L'anse est un abri parfait, de forme pratiquement circulaire, et la passe en est étroite. Une bonne vingtaine de multicoques est échouée sur la grève, amortis pour la plupart aux marées de vives-eaux.

Dans le fond, seul, j'ai la surprise de reconnaître le trimaran du copain "Zampano", connu en France à diverses époques. Nous en reparlerons.

Nous nous positionnons au centre de l'anse, et mouillons dans 1 m 50 d'eau. Le bruit de la chaîne stoppé, nous sommes au centre du silence… Aucune voiture sur l'Ile de Culatra, nulle bruit autre que celui d'un pêcheur qui rentre au loin vers le village. Nous sommes au bout du monde…

L'annexe une fois mise à l'eau, je godille vers le bateau de "Zampano" qui, en bon ermite marin, me regardait arriver de l'intérieur de son bateau. Grosse surprise, discussions, et invitation à bord pour l'apéro. Il restera à dîner ce soir (les autres jours aussi d'ailleurs !)

Après un tour de l'Atlantique sur un mono, il s'est construit ce trimaran de 17 m en contreplaqué, et vit ici depuis maintenant sept longues années. C'est dire s'il connaît bien le coin, les us et coutumes de ses habitants.

Parmi les multicoques échoués sur la plage, beaucoup sont inoccupés, mais certains habités par leur propriétaire. Souvent des solitaires, Anglais, Allemand, Hollandais, venus poser leur Wharram sur la grève de Culatra, et attendant peut-être que la marée soit assez haute pour en partir…

D'autres ont définitivement abandonné l'idée de toute nouvelle navigation, et ont trouvé dans ce bout de terre perdue un refuge sur et …gratuit !

C'est le cas du copain, qui avait pour pousser son tri un HB de 30 cv, en train de rouiller à la côte, et qui a récupéré pour le propulser un 9,9 qui ne tourne que sur un cylindre !
Autant dire qu'il ne quitte plus que très rarement son anse.

Dans la nuit, "Bahia" s'est échoué dans l'herbier vaseux qui tapisse le fond. Essai de descente infructueux : la vase est trop molle, et l'on s'enfonce au-dessus du genou. Nous attendrons donc la marée haute pour descendre en annexe.

Quelques deux cent mètres nous séparent de l'Océan. Traversant les dunes, nous allons y prendre un bain. La houle s'est formée, et nous barbotons dans les rouleaux…

Le lendemain, réveil à 6 heures. Il est temps d'aller s'échouer sur la grève, et la mer commence à descendre. Une ancre à l'arrière, un bout' à l'avant tourné sur l'épave d'un canot' de pêche dont il ne reste que le squelette, et nous nous posons bien à plat (PHOTO)

L'après-midi, nous allons traversons le village pour aller prendre la navette qui relie Culatra à la ville d'Olhao. Les ruelles sont tapisses de sable, étroites, serpentant à travers les petites maisons, certaines très coquettes. Aux habitations de pêcheurs, habitants permanents, sont venues se joindre des résidences des "gens de la ville", qui trouvent en ce lieu silence et repos.

Le contraste est grand en arrivant à Olhao, ville bruyante et assez sale. Une fois l'approvisionnement fait, nous repérons la nouvelle marina, non encore terminée. Plusieurs voiliers sont au pontons, et s'ils ne bénéficient d'aucunes commodités, la gratuité est un avantage non négligeable !

En soirée, de retour au bateau, la brise se lève de terre, amenant avec elle toute la chaleur diurne accumulée. Il est difficile de dormir autrement que dans le cockpit.

Le lendemain, nous sortons de l'anse pour mouiller plus loin, en bordure du rivage de l'île. Nous cherchons à tâton le passage entre les bancs, dans parfois moins d'un mètre d'eau !
On voit très bien le sable défiler sous les coques, et je m'attends à me planter d'un moment à l'autre. Comme c'est le flot, ça ne serait pas très grave.

Finalement nous arrivons sans encombre à l'endroit choisi pour passer la nuit, et une fois de plus "Bahia" s'échouera sans même que l'on s'en rende compte.

C'est dimanche, et beaucoup de petits bateaux à moteur (et malheureusement quelques jet-skis, même ici !) sillonnent le plan d'eau. Mais en soirée il n'y a plus personne, et nous pouvons goûter le calme absolu dans la nuit qui tombe.

Il est temps de quitter cet endroit étrange, d'eau et de sable. Nous sommes bien plus près de la passe NE de l'île, mais celle-ci n'est pas balisée, et comme depuis plusieurs jours la houle s'est enflée, les brisants et déferlantes dissuadent de toute tentative.

Nous relongerons donc l'île pour quitter la lagune par la passe principale. Le jusant nous pousse, accélère le bateau. La houle de Sud se heurte à lui, et crée sur quelques centaines de mètres un chaudron dans lequel "Bahia" se fait secouer.

J'imagine ce que cela doit être avec un début de coup de vent ! La passe serait à coup sur impraticable…


La lagune d'Olhao, c'est le paradis des dériveurs et multicoques. A tous les copains qui ont la chance d'avoir un petit tirant d'eau, je recommande vivement la croisière dans ces eaux. Nul doute qu'ils ne le regretteront pas.

Guy