lundi, juin 27, 2005

LES NOMADES MARINS






Ils portent en eux la sagesse de leur folie, celle de vouloir échapper à un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas...


"A mi no me gusta los gitanos del mar..." (je n'aime pas les gitans de la mer). Le gros mécano espagnol que j'avais en face de moi a employé ce terme pour la première fois, et j'ai pensé que cela était assez juste.

Du moment que j'avais de quoi payer sa réparation, je l'aurais quand même dispensé de ses réflexions !

Les gitans de la mer... Les nomades marins.

En mer, tout comme à terre d'ailleurs, il existe deux catégories : les sédentaires et les nomades. Peut-être ce deuxième type remonte-t-il du fond des âge, quand avant de se fixer en un endroit, les hommes se déplaçaient en permanence…

De nos jours, le besoin d'une vie permanente en bateau, et le désir de voyage maritime recouvre une réalité à plusieurs visages :

En fond commun à tous, on peut retrouver l'amour des voyages, de la découverte, et surtout de la mer (car d'autres moyens de voyager existent)

Pour certains, ce sera l'aboutissement et la réalisation d'un vieux rêve, enfin accessible après une vie de labeur.

Pour d'autres, ce sera aussi et surtout ce que j'appelle la "fuite positive", l'envie de quitter une forme de vie qui ne les satisfait pas ou plus, pour retrouver des valeurs que la société n'est pas en mesure de leur apporter.

Les motivations de celui qui part peuvent être donc diverses, et les raisons se combiner.

Mais il existe peut-être une cause cachée, plus profondément enfouie au coeur de l'homme...

Celle de se perdre dans l'immensité, de replonger dans l'enfance, de rebaigner dans le liquide amniotique de la mer-mère ? Tant aimée, tant haïe, caressante ou belle garce…

Une fois partis, les nomades se retrouvent souvent aux mêmes endroits. Ce qui est normal, puisque "qui se ressemble s'assemble". C'est une communauté flottante qui se fait et se défait au gré des routes, qui convergent ou divergent.

C'est là d'ailleurs un des charmes de cette vie : que serait le désert sans les Touaregs ? Que seraient les paysages sans présence humaine ?

Approche d'autres cultures, découverte d'autres types de sociétés, tout en restant dans le monde marin, celui qui est devenu le leur.

Ce monde marin si riche et si divers, fait d'alternance entre traversées de solitude et de chaleur humaine retrouvée.

Parmi ceux que la mer appelle, il y aura les élus qui continueront le voyage, d'autres qui s'arrêteront en cours de route pour différentes raisons : financières, familiales, ou plus simplement parce que ce n'était pas vraiment leur route…

Certains connaîtront cette vie pour quelques mois, ou quelques années… D'autres l'adopteront définitivement.

Car que l'on ne se fasse pas d'illusion : le grand voyage initiatique ne laissera jamais intact.