lundi, juillet 11, 2005

GRAND DEPART ET BON PROFIL




Beaucoup en rêvent, certains le font... Partir en mer et vivre à bord, pour un an ou pour longtemps. Un choix de vie qui demande certaines dispositions...


Quand on parle du "grand départ", il est souvent question du bateau idéal, des destinations, des moyens de subsistance...

Mais "quid" du marin ou de l'équipage ?C'est pourtant de ceux-ci que dépendra en grande partie la réussite ou l'échec de l'expérience.

Certains sont sans doute plus doués que d'autres pour y accéder.C'est ce dont je me propose de parler ici...

Je crois qu'il faudrait d'abord tordre le cou à certaines idées reçues, dont l'énoncé, s'il se teinte d'humour, reflète à mon avis une conception bien réductrice du monde marin.Je pense là au "bateau qui est le moyen le plus lent, le plus inconfortable, etc...", ou encore "les deux plus beaux jours sont celui où on achète un bateau, et celui où on le vend..."

Celui qui, au fond de lui-même, pense qu'il y a là un fond de vérité n'est certes pas prêt pour le départ. Car il ne s'agit plus de faire des ronds dans l'eau, mais bien de changer radicalement de mode de vie, et justement de la passer en permanence entre le jour où l'on achète et celui où l'on revend.

Il faut donc à la base un amour du bateau assez fort pour lui consacrer son temps (et son argent, j'y reviendrai) et en faire un mode de vie.Ce qui pour l'un sera désagréments et peine paraîtra pour l'autre accomplissement et satisfaction. Cela élimine déjà pas mal de monde, simple constatation.

Il faut aussi naturellement avoir le goût des voyages. Mais secondairement, car si le voyage est la priorité, pourquoi pas un camping-car ? Comme je l'ai lu dernièrement, les "navigos" ne voient que rarement l'intérieur des pays visités. C'est sans doute vrai (à moins de disposer de suffisamment de moyens), mais il me semble que ce n'est pas la priorité, celle-ci restant la mer.

En partant, il faut bien se pénétrer du fait que ce qui était un loisir (navigation de week-end ou de vacances) va devenir un mode de vie à part entière (O combien), et le bateau son habitat pour de longs mois, ou plus.

Pour certains qui construisent, l'aboutissement marquera non seulement la fin de leurs efforts, mais aussi et surtout l'accès à cette vie nouvelle qu'ils attendent parfois depuis fort longtemps.

On peut supposer que pour se lancer dans une entreprise d'aussi longue haleine, leur amour de la mer et du bateau à voile ne soit puissant.Cependant on peut voir parfois certains constructeurs qui, sans trop vouloir se l'avouer, ont trouvé leur bonheur à façonner de leurs mains l'objet de leur rêve, plus que dans son utilisation ultérieure... et mettre en chantier le "mètre de plus".

Après tout, pourquoi pas ? "La foi est plus belle que Dieu..."

Il vient donc le moment de larguer les amarres. "Hisse le grand foc, tout est payé...".

Il est évident que, sans parler de fuite, avec tout le relent péjoratif que le mot comporte, le libre détachement des biens de consommation dont nous faisons notre ordinaire sera d'autant mieux vécu qu'il est non seulement subi, mais attendu, voir espéré.

Car à quoi bon partir sur un bateau à voile, si c'est pour recréer à bord ou à l'escale les conditions de vie que l'on vient de quitter ?

J'entends par là les mille et unes attaches qui nous relient au monde et à son tourbillon : télé, radios, journaux, magazines...

Certains se récrieront à ces lignes qu'on est plus au temps de Christophe Colom, qu'on est ni des Australopithèques ni des Néandertaliens.

je répondrai : avez-vous vraiment tenté de vous passer de toutes ces choses si indispensables ?

Alors si vous partez, faites un petit essai.Vous verrez que l'on s'y adapte très bien, et que l'on retrouve la saveur des veillées, la chaleur des rencontres et le goût pour les bons bouquins.

Mais bien sûr, chacun navigue comme il veut.On est libre.

Ah, la liberté justement ! N'est-ce pas elle que l'on recherche en bordant la grande écoute ?Eh oui, c'est sans doute l'une des clés du bonheur, et du bonheur sur l'eau. Mais il ne faut pas se leurrer.

Si l'on quitte ses chaînes, c'est pour en trouver d'autres.

Sans doute est-il plus libre, le gars qui part avec son sac à dos. Car le bateau demande que l'on s'occupe de lui (mais quand on aime, on ne compte pas), réclame une présence...

Libre aussi de pointer l'étrave où l'on veut, oui, mais dans un certain cadre quand même, en tenant compte des saisons...

Et puis sans doute, le plus important : pour jouir de sa vie nouvelle, il faut aussi être libre dans sa tête. La liberté ne se goûte bien que si elle s'accompagne d'une absence de soucis, ou à tout le moins leur réduction, dans toute la mesure du possible.

Soucis financiers : ceux-ci peuvent gâcher une grande croisière commencée sous de bons auspices. Si la vie sur l'eau génère du stress par manque de moyens, je doute que le bonheur soit au rendez-vous. Mais là aussi, tout est affaire d'échelle, et à chacun son minimum... .

Soucis familiaux ou affectifs, dans le sens large du terme. Un sujet rarement abordé, et pourtant combien important.

la solitude ne s'apparente pas pour moi à une "absence de liberté". Elle contribuerait plutôt à simplifier certaines choses...Ceci dit, il y a aussi des solitudes à deux, en mer ou pas. La grande majorité des "voyageurs marins" étant en couple, je pense que là encore certaines dispositions sont nécessaires pour une navigation au long cours harmonieuse.

Un couple, c'est deux personnes. Deux gars, un homme/une femme... Ce qui est important, c'est de regarder dans la même direction, avec un but et des goûts communs. Je ne sais si à terre il y a des "différences qui enrichissent", mais je crois bien qu'en mer elles séparent plutôt.A bord ou aux escales, il y a peu d'échappatoires possibles, et nul doute qu'un couple qui s'entend moyennement à terre ne finisse par se tourner le dos en mer.C'est d'ailleurs une cause fréquente d'échec du voyage.

Les valises affectives, ce sont aussi celles que l'on laisse derrière soi, à terre. Et ce ne sont pas les plus faciles à gérer. A ceux qui restent, et qui s'inquiètent du départ des pigeons voyageurs, ou qui s'en attristent, je dirai qu'"aimer, c'est vouloir le bonheur des autres, sans forcément y prendre part".

Le bateau est solide ? L'équipage vaillant ?Les valises pas trop lourdes, et la liberté s'ouvre à vous...

Il m'a semblé que la curiosité et l'altruisme, alliés à une certaine extraversion et une disposition pour les langues étaient des atouts à mettre au crédit d'un voyage réussi.

Nul n'est parfait, et chacun fait avec ce qu'il a. Cependant certains auront plus de facilités que d'autres pour se couler dans le moule marin. Cela ne tiendra certes pas à la taille du bateau, mais bien à la possession de valeurs en adéquation avec ce genre de vie.Une vie si différente, qu'ici peut-être plus qu'ailleurs encore, l'"important, c'est d'aimer".

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Très beau plaidoyer sur l'aventure.Tu as entièrement raison , le principal c'est d'aimer, aimer son bateau l'aventure, juste que pour moi la vie en mer peut se confondre avec celle de la terre, mais là il faut que suivent les moyens financiers

Pascal

5:19 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home