mercredi, juin 29, 2005

UNE DROGUE DURE...




"Mon île, je l'ai cherchée loin et longtemps, jusqu'au jour où j'ai compris que mon île, c'est mon bateau" (G. Janichon)

Depuis les trois dernières années, où j'ai eu la chance de vivre à bord de mon bateau, d'alterner ports et mouillages, hivernages et croisières, j'ai souvent pensé à cette phrase, surtout ces derniers temps, avant d'arrêter pour des raisons indépendantes de ma volonté...

Certains vont chercher leur île à l'autre bout du monde, alors que la vie permanente en bateau est déjà un monde à part entière, qui n'est comparable à rien d'autre. S'ils peuvent y ajouter les joies procurées par un grand voyage, nul doute qu'ils y trouvent leur bonheur.

Le monde des nomades nautiques ne peut être compris que par ceux-là mêmes qui le constituent. Un monde de grandes joies et de petits plaisirs quotidiens, de découvertes, non seulement une collection de cartes postales, mais bien celui riche et varié des rencontres humaines qu'il procure. Nous sommes tous alors reliés par la même passion, et surtout nous partageons le même mode de vie ; et c'est sans doute là le principal.

Oh! bien sur tout n'est pas toujours rose, il y a le prix à payer pour cette forme de liberté : les galères diverses, les emmerdes de moteurs, les nuits quasi blanches, et même parfois les petites prières pour que "ça tienne", ou que ça ne "s'énerve pas plus»

Mais quand ça s'arrête, quand on doit reposer le sac à terre, retrouver des modes de vie qui nous étaient devenus étrangers, des soucis dont nous n'avions plus idée, l'étrange agitation du monde qui nous entoure, alors là, qu'est-ce que ça fait mal ! C'est une amputation sans anesthésie. Un vide, un état de manque... Oui, le voyage sur la mer, la vie en bateau, est une drogue, une drogue dure.
Pour ma part, je n'attends que le moment où je pourrai repartir, afin de retrouver le monde marin. Je ne sais si c'est celui du bonheur, mais bien celui qui me convient le mieux.

lundi, juin 27, 2005

LES NOMADES MARINS






Ils portent en eux la sagesse de leur folie, celle de vouloir échapper à un monde dans lequel ils ne se reconnaissent pas...


"A mi no me gusta los gitanos del mar..." (je n'aime pas les gitans de la mer). Le gros mécano espagnol que j'avais en face de moi a employé ce terme pour la première fois, et j'ai pensé que cela était assez juste.

Du moment que j'avais de quoi payer sa réparation, je l'aurais quand même dispensé de ses réflexions !

Les gitans de la mer... Les nomades marins.

En mer, tout comme à terre d'ailleurs, il existe deux catégories : les sédentaires et les nomades. Peut-être ce deuxième type remonte-t-il du fond des âge, quand avant de se fixer en un endroit, les hommes se déplaçaient en permanence…

De nos jours, le besoin d'une vie permanente en bateau, et le désir de voyage maritime recouvre une réalité à plusieurs visages :

En fond commun à tous, on peut retrouver l'amour des voyages, de la découverte, et surtout de la mer (car d'autres moyens de voyager existent)

Pour certains, ce sera l'aboutissement et la réalisation d'un vieux rêve, enfin accessible après une vie de labeur.

Pour d'autres, ce sera aussi et surtout ce que j'appelle la "fuite positive", l'envie de quitter une forme de vie qui ne les satisfait pas ou plus, pour retrouver des valeurs que la société n'est pas en mesure de leur apporter.

Les motivations de celui qui part peuvent être donc diverses, et les raisons se combiner.

Mais il existe peut-être une cause cachée, plus profondément enfouie au coeur de l'homme...

Celle de se perdre dans l'immensité, de replonger dans l'enfance, de rebaigner dans le liquide amniotique de la mer-mère ? Tant aimée, tant haïe, caressante ou belle garce…

Une fois partis, les nomades se retrouvent souvent aux mêmes endroits. Ce qui est normal, puisque "qui se ressemble s'assemble". C'est une communauté flottante qui se fait et se défait au gré des routes, qui convergent ou divergent.

C'est là d'ailleurs un des charmes de cette vie : que serait le désert sans les Touaregs ? Que seraient les paysages sans présence humaine ?

Approche d'autres cultures, découverte d'autres types de sociétés, tout en restant dans le monde marin, celui qui est devenu le leur.

Ce monde marin si riche et si divers, fait d'alternance entre traversées de solitude et de chaleur humaine retrouvée.

Parmi ceux que la mer appelle, il y aura les élus qui continueront le voyage, d'autres qui s'arrêteront en cours de route pour différentes raisons : financières, familiales, ou plus simplement parce que ce n'était pas vraiment leur route…

Certains connaîtront cette vie pour quelques mois, ou quelques années… D'autres l'adopteront définitivement.

Car que l'on ne se fasse pas d'illusion : le grand voyage initiatique ne laissera jamais intact.

dimanche, juin 26, 2005

LA LAGUNE DE FARO-OLHAO









LA LAGUNE D'OLHAO


Algarve – Sud Portugal



Toute la pointe Sud de l'Algarve est mélange de terre et d'eau, vaste lagune où la mer ne pénètre que par d'étroites passes. C'est le but ultime de "BAHIA"…

De la sortie du Rio Guadiana au Cap Santa Maria, entrée principale de la lagune, il n'y a qu'une trentaine de milles à parcourir. Nous profitons du jusant pour dire adieu au fleuve. Poussés par un vent de Nord, les rives défilent vite.

A la sortie, la mer est belle, et nous nous permettons un petit raccourci parmi les bancs de sable, le sondeur nous indiquant entre 2 m et 1 m 50. Mais au bout de deux heures, le vent tombe, et les moteurs sont mis en route.

Nous nous tenons à bonne distance de la côte, car des pêcheries s'étendent vers le large. Par un effet de mirage, nous voyons les dunes hautes comme des falaises, alors que leur hauteur ne dépasse pas quelques mètres.

A part Tavira, plusieurs passes non balisées font communiquer l'Océan avec la lagune, formant ainsi de petits îlots de sable. Mais il nous faut aller chercher l'entrée principale, au phare de Santa Maria.

Il est important de rentrer avec le courant, car même en mortes-eaux, celui-ci est fort dans la passe. Cette masse d'eau enfermée dans les terres entre et s'évacue par un étroit goulet. Les habitués du Golfe du Morbihan ne seraient pas dépaysés !

Il est non moins recommandé de pénétrer dans la lagune par beau temps, le vent contre courant pouvant créer des conditions difficiles. Nous nous en apercevrons lors de notre départ.

Passé le phare que nous laissons sur tribord, nous piquons sur le balisage d'entrée, et nous ressentons alors toute la force du flot, qui nous propulse à l'intérieur. Les rives défilent très vite, les bouées sont couchées dans des tourbillons d'eau brassée.

En fait, seul le goulet est soumis à cette pression, car très vite, une fois à l'intérieur, tout se calme et se ralentit. De nombreuses barques de pêche sont mouillées en bordure des plages.

Au loin, sur notre gauche, nous distinguons Faro. Un peu sur notre droite Olhao. La lagune se divise en deux chenaux principaux balisés, menant vers ces deux villes. Mais pour le moment, la mer étant presque pleine, ce n'est qu'un immense lac, piqueté de nombreuses perches qui signalent les bancs.

Il s'agit de bien suivre le balisage, car hors celui-ci les risques d'échouage sont grands, même à marée haute, si l'on est pas pratique des lieux.

Nous longeons à notre droite l'île Culatra, l'endroit que nous avons choisi pour mouiller. Il nous a été indiqué par plusieurs copains l'"anse des multicoques"… Pour le moment nous ne voyons que de nombreux voiliers, sur ancre ou corps-morts, en face de l'appontement de la pointe Caïs.

Le village de pêcheurs, Hangares de Culatra, s'étend sur la dune, petites maisons basses, dont beaucoup arrivent jusqu'à la plage.

Puis nous distinguons des mâts derrière une pointe, qu"il nous faut contourner. Le sondeur indique des profondeurs fortement décroissantes : de 10 m il passe rapidement à 2 m, puis 1 m ! Nous nous dirigeons à la couleur de l'eau : bleu-vert, ça doit passer, jaune-ocre : hauts fonds…

L'anse est un abri parfait, de forme pratiquement circulaire, et la passe en est étroite. Une bonne vingtaine de multicoques est échouée sur la grève, amortis pour la plupart aux marées de vives-eaux.

Dans le fond, seul, j'ai la surprise de reconnaître le trimaran du copain "Zampano", connu en France à diverses époques. Nous en reparlerons.

Nous nous positionnons au centre de l'anse, et mouillons dans 1 m 50 d'eau. Le bruit de la chaîne stoppé, nous sommes au centre du silence… Aucune voiture sur l'Ile de Culatra, nulle bruit autre que celui d'un pêcheur qui rentre au loin vers le village. Nous sommes au bout du monde…

L'annexe une fois mise à l'eau, je godille vers le bateau de "Zampano" qui, en bon ermite marin, me regardait arriver de l'intérieur de son bateau. Grosse surprise, discussions, et invitation à bord pour l'apéro. Il restera à dîner ce soir (les autres jours aussi d'ailleurs !)

Après un tour de l'Atlantique sur un mono, il s'est construit ce trimaran de 17 m en contreplaqué, et vit ici depuis maintenant sept longues années. C'est dire s'il connaît bien le coin, les us et coutumes de ses habitants.

Parmi les multicoques échoués sur la plage, beaucoup sont inoccupés, mais certains habités par leur propriétaire. Souvent des solitaires, Anglais, Allemand, Hollandais, venus poser leur Wharram sur la grève de Culatra, et attendant peut-être que la marée soit assez haute pour en partir…

D'autres ont définitivement abandonné l'idée de toute nouvelle navigation, et ont trouvé dans ce bout de terre perdue un refuge sur et …gratuit !

C'est le cas du copain, qui avait pour pousser son tri un HB de 30 cv, en train de rouiller à la côte, et qui a récupéré pour le propulser un 9,9 qui ne tourne que sur un cylindre !
Autant dire qu'il ne quitte plus que très rarement son anse.

Dans la nuit, "Bahia" s'est échoué dans l'herbier vaseux qui tapisse le fond. Essai de descente infructueux : la vase est trop molle, et l'on s'enfonce au-dessus du genou. Nous attendrons donc la marée haute pour descendre en annexe.

Quelques deux cent mètres nous séparent de l'Océan. Traversant les dunes, nous allons y prendre un bain. La houle s'est formée, et nous barbotons dans les rouleaux…

Le lendemain, réveil à 6 heures. Il est temps d'aller s'échouer sur la grève, et la mer commence à descendre. Une ancre à l'arrière, un bout' à l'avant tourné sur l'épave d'un canot' de pêche dont il ne reste que le squelette, et nous nous posons bien à plat (PHOTO)

L'après-midi, nous allons traversons le village pour aller prendre la navette qui relie Culatra à la ville d'Olhao. Les ruelles sont tapisses de sable, étroites, serpentant à travers les petites maisons, certaines très coquettes. Aux habitations de pêcheurs, habitants permanents, sont venues se joindre des résidences des "gens de la ville", qui trouvent en ce lieu silence et repos.

Le contraste est grand en arrivant à Olhao, ville bruyante et assez sale. Une fois l'approvisionnement fait, nous repérons la nouvelle marina, non encore terminée. Plusieurs voiliers sont au pontons, et s'ils ne bénéficient d'aucunes commodités, la gratuité est un avantage non négligeable !

En soirée, de retour au bateau, la brise se lève de terre, amenant avec elle toute la chaleur diurne accumulée. Il est difficile de dormir autrement que dans le cockpit.

Le lendemain, nous sortons de l'anse pour mouiller plus loin, en bordure du rivage de l'île. Nous cherchons à tâton le passage entre les bancs, dans parfois moins d'un mètre d'eau !
On voit très bien le sable défiler sous les coques, et je m'attends à me planter d'un moment à l'autre. Comme c'est le flot, ça ne serait pas très grave.

Finalement nous arrivons sans encombre à l'endroit choisi pour passer la nuit, et une fois de plus "Bahia" s'échouera sans même que l'on s'en rende compte.

C'est dimanche, et beaucoup de petits bateaux à moteur (et malheureusement quelques jet-skis, même ici !) sillonnent le plan d'eau. Mais en soirée il n'y a plus personne, et nous pouvons goûter le calme absolu dans la nuit qui tombe.

Il est temps de quitter cet endroit étrange, d'eau et de sable. Nous sommes bien plus près de la passe NE de l'île, mais celle-ci n'est pas balisée, et comme depuis plusieurs jours la houle s'est enflée, les brisants et déferlantes dissuadent de toute tentative.

Nous relongerons donc l'île pour quitter la lagune par la passe principale. Le jusant nous pousse, accélère le bateau. La houle de Sud se heurte à lui, et crée sur quelques centaines de mètres un chaudron dans lequel "Bahia" se fait secouer.

J'imagine ce que cela doit être avec un début de coup de vent ! La passe serait à coup sur impraticable…


La lagune d'Olhao, c'est le paradis des dériveurs et multicoques. A tous les copains qui ont la chance d'avoir un petit tirant d'eau, je recommande vivement la croisière dans ces eaux. Nul doute qu'ils ne le regretteront pas.

Guy





















GUADIANA, LA RIVIERE SAUVAGE




au vu de la description enthousiaste des copains navigateurs qui y étaient passés, "BAHIA" a pointé ses étraves sur le Rio Guadiana, au Sud du Portugal. Il n'a pas été déçu.


Après une descente le long des côtes espagnoles, et le passage du Détroit de Gibraltar, nous avons donc retrouvé les eaux de l'Atlantique, que nous avions quitté trois ans auparavant. Il faut donc se réhabituer aux marées et aux courants, la "grande bleue" et sa dolce vita ayant tendance à endormir quelque peu le marin, par la facilité qu'elle procure, en dehors de ses colères parfois subites.
Nous avons devant nous la Baie de Cadix, avec comme but final l'Algarve, ses remontées de rivières, dont le Rio Guadiana à la frontière hispano-portuguaise. La lecture des guides (parfois anciens), mais surtout l'incitation de plusieurs copains de rencontre en avait fait la destination principale de la croisière.
La première étape sera pour la rivière de Sacti Petri, au Sud de Cadix. Qui dit marées dit courants, bancs de sable, et alignements (pas très visibles). Ce sera ensuite un mouillage (les marinas sont exclues) à l'entrée de la rivière de Huelva, grande cité industrielle, qui ne nous attire pas vraiment.
Cap sur El rompido, une rivière séparée de l'Atlantique par un étroit cordon dunaire qui s'étend sur près de cinq milles. Des bancs de sable, une bouée d'atterrissage déplacée et de forts courants nous donneront quelques chaleurs pour entrer.! Par contre le mouillage devant le petit village aux deux phares est sympathique, et nous passerons plusieurs jours à l'ancre en amont dans la rivière. Solitude et tranquilité garanties. Il y suffit de traverser à pied le cordon dunaire - large de quelques centaines de mètres - pour aller de l'autre côté prendre des bains de mer !
Il est temps d'aller voir ce fameux Guadiana, dont on nous a dit tant de bien. Le vent est assez frais depuis plusieurs jours, force 5 à 6, se renforçant l'après midi. L'entrée du Guadiana, encombrée de bancs, est bien balisée latéralement, et n'offre pas de problèmes majeurs. Il est recommandé de rentrer avec le flot, qui va nous pousser jusqu'à Vila Real de San Antonio, sur la rive portuguaise.
La ville se démarque nettement des cités espagnoles : coquetterie et ornements des maisons, propreté des rues. En changeant de pays le contraste est fort. Presque en face de Vila Real se trouve la ville espagnole d'Ayamonte, où nous ferons escale au retour. Depuis quelques années, un pont suspendu relie les deux rives et les deux pays, juste après Ayamonte. La hauteur disponible étant de 22 m à haute mer, le mât de "Bahia" passera sans problèmes avec ses 14m50. Comme la veille, le vent mollit beaucoup à l'étale de basse mer. C'est le moment que nous choisissons pour remonter le fleuve, afin que le flot nous rentre. Les berges une fois passé le pont sont assez plates.
Nous voyons beaucoup de fincas en ruine, sur chaque berge. Au fur et à mesure de la remontée, les rives s'escarpent, la végétation devient plus dense. Et 3 h après le départ, nous accostons à Guerreiros. Un appontement est relié par une passerrelle à la berge. Le bourg de quelques feux semble endormi, écrasé de chaleur. Il faut dire que la température approche les 35 ° ! Nulle taxe à payer, le ponton est libre et gratuit tant qu'il y a de la place. Seules quelques petites barques de pêche y sont amarrées.
Le lendemain, de sympathiques belges s'amarrent derrière nous. Ils font l'aller/retour Belgique-Guadiana chaque année ! Heureusement un vent assez fort vient tempérer la chaleur, et la bière locale aussi... Tant bien que mal nous parvenons à nous faire comprendre avec un pêcheur au bar local, qui nous dit que plus haut sur le fleuve, il fait encore plus chaud. C'est là que nous allons...
Le troisième jour le départ est décidé. Toujours du vent de face, entre 20 et 25 nds. Après de multiples tentatives de réparation du HB de l'annexe, un mécano du coin réussit à le faire cracher, pour 5 euros et un verre de malaga ! Malheureusement celui-ci rendra l'âme peu de temps après. (le moteur, pas le mécano !)
Départ vers 16 h, avec le début du flot. Les rives du fleuve sont sauvages. Nous passons le petit bourg d'Alcoutim, auquel fait pendant un village sur la rive espagnole. De nombreux bateaux sont mouillés là, ancres ou corps-mort. C'est pour beaucoup la destination finale de ceux qui remontent le fleuve.
Nous continuons à sinuer dans les méandres, de plus en plus escarpés et boisés. Seuls hérons et cigognes sont un peu dérangés par notre passage. Enfin dans un dernier coude se découvre Pomarao, terminus de notre remontée. Un petit bourg écrasé de chaleur et de blancheur, au pied duquel se trouvent deux appontements. Il fait 38° à l'ombre, "seulement" 30° dans le bateau !
Nous descendons à terre et montons au village, nous rafraîchir au seul café du coin. C'est la "sociedad", bar municipal où nous dégustons la "sagres" locale pour... 40 cts d'euros.!, sur la terrasse donminant le fleuve. Nous y faisons vite la connaissance de Gwillem et sa femme, un couple d'anglais qui ont choisi Pomarao comme lieu de vie à bord de leur voilier, Richard, anglais lui aussi, le peintre solitaire qui vit sur un vieux Colin Archer en ferro, en attendant d'emménager dans la ruine qu'il retape sur une des rives. Des voisins de table, sans nous dire un mot, nous tendent pain à l'ail et chorizo. L'hospitalité portuguaise...
Le soir la brise souffle toujours, heureusement, mais la chaleur est encore très forte. Selon les locaux, cette température est normale pour la saison, mais pas le vent. Qu'est-ce que ce serait !! Le lendemain, nous faisons connaissance avec un couple de jeunes français, mouillés dans la rivière avec leur Ombrine de 8 m. Ils vivent ici à l'année, et tentent de survivre en faisant de la maçonnerie dans des fincas à retaper.
Le village n'est ravitaillé que deux fois par mois, par une camionnette. Gwillem nous propose de nous emmener dans sa vieille R 5 faire les provisions à Mertola, à 25 km. En théorie, le Guadiana peut se remonter jusqu'à Mertola. Mais des bancs de sable à fleur d'eau et des roches dissuadent de tenter l'expédition, sauf avec un pratique du coin.
Record battu : 41° à l'ombre, et le vent s'est calmé.! Nous achetons de la bâche à pas cher, pour tenter de faire un taud recouvrant tout le bateau en laissant passer le peu d'air qu'il y a. 35° dans le bateau le soir ; nous préférons dormir dans le cokpit. Mais le matin la température "tombe" à 20°, ce qui nous réveille.
Dernier jour à Pomarao, d'où je fais quelques prises vidéos. La brise a repris de la vigueur. Adieu copains anglais et portuguais de ce coin du bout d'Europe "le dernier vrai coin sauvage" d'après Gwillem. Nous redescendrons le fleuve avec une halte à Laranjeiras, le long d'un petit ponton, pour nous retrouver le lendemain à Ayamonte.
Pendant notre séjour, qui a duré en fait une semaine à Pomarao, nous avons vu très peu de bateaux de passage : même pas une demi-douzaine. Pas grand'monde se donne la peine de remonter si haut, et ceux qui arrivaient faisaient demi-tour. Pour les amoureux de pittoresque, de calme et de tranquillité, dont je fais partie, le dépaysement est assuré dans ce pays encore vierge de tourisme. Seule la chaleur a gâché un peu le séjour, mais il est vrai que c'était la canicule en France, alors...
Nous continuerons ensuite notre périple vers la lagune de Faro-Olhao, à l'Ile Culatra, une terre étrange dont je vous parlerai une prochaine fois.
Guy